jeudi 2 avril 2009

L’orientation, une question de société pour les jeunes

Lou-Judith Djeli, siège au conseil régional des jeunes d'Ile-de-France, et s’exprime le 20 mars au nom des jeunes présents à Nantes au rassemblement de l’ARF: « Les personnes vers qui on est tourné sont souvent incompétentes » et propose : « Il nous faut une personne qui nous connaisse depuis le collège et qui suive notre évolution pour pouvoir nous conseiller en connaissance de cause. » Cette demande doit être entendue, mais nous plonge aussitôt dans un abîme de perplexité. Il y a une demande d’accompagnement personnel qui ne soit ni celui du conseiller d’orientation-psychologue, ni celui du professeur principal. Un professeur référent dont le travail s’inscrirait dans la durée, de l’entrée au collège à l’entrée à l’enseignement supérieur ou l’insertion professionnelle?

Une heure plus tard, Philippe Meirieu avance une autre piste. Pour lui, le défi de l’orientation commence au début de la scolarité. Il s’agit de faire « l’expérience des choix réversibles avant que ne se pose la question des choix irréversibles ».

Il n’est pas question ici d’avancer le dispositif miracle ou le principe régulateur universel en matière d’orientation. Sur le plan éducatif ou pédagogique (mais peut-on dissocier les deux ?), trois enjeux doivent être repérés et mis en travail avec le jeune ou l’élève tout au long du parcours avant que l’irréversibilité du choix ne soit objectivement - ou subrepticement - posée…

Le premier objet de travail est repéré depuis plus de 40 ans. La confrontation entre le Désir et la Réalité nous renvoie à l’émergence du sujet qu’on a trop vite fait de dater de 1968. Dans les pratiques éducatives et de formation, cela renvoie à la notion de projet, pensé comme processus de changement, et non à ses dévoiements comme la programmation ou les procédures.

Le travail sur les représentations apparaît lui puissamment depuis un quart de siècle et son intérêt ne se dément toujours pas. En matière d’orientation, celles-ci sont nombreuses : les métiers, les identités sexuées, mais aussi les voies de formation, le statut réel des personnes en formation. Qui doit dire quelles représentations sont prioritaires ? L’école ? Le ministre ? La région ? La branche professionnelle ? Les jeunes et leurs familles ? Il y a là des choix politiques qui ne sont pas anodins. Les enseignants doivent pourtant se réapproprier les méthodes et les outils. Qui a produit cette vidéo-métier ? Son objectif ? Comment organiser les interactions entre les élèves ? Entre les élèves et un intervenant pour que le choc des représentations émerge… Mieux vaut les outiller pour s’orienter toute la vie que de s’épuiser à suivre et à embrasser l’actualité des métiers, des branches et de la formation.

Le travail sur les relations sociales est peut-être le champ qui est le moins investi. Il ne s’agit pas seulement de faire l’inventaire des ressources que l’on peut mobiliser (et elles sont plus nombreuses qu’on imagine, y compris quand son environnement immédiat est perçu comme pauvre, comme peu valorisé socialement), c’est aussi travailler sur la façon d’entrer en relation (et qui ne se réduit pas à la dernière tendance pour la présentation du CV). Le travail sur les compétences sociales est une piste sérieuse, si elle ne se limite pas à une approche instrumentale.

Par quoi faut-il commencer ? Aux enseignants, aux établissements d’adapter, de saisir des opportunités, de trouver des médiations culturelles. Mais il est sûr que cela commence aujourd’hui. Dès l’école maternelle. Dire que c’est de l’orientation sans se soucier de la pression sociale qui entoure déjà ce mot-valise, c’est à coup sûr se tromper de finalité. Cette jeune femme qui a accompli un long parcours en comptabilité du BEP au BTS nous le rappelle : nous ne pouvons pas nous comporter comme Monsieur Jourdain et faire, en tant qu’éducateurs, de l’orientation sans le savoir.

Source: café pédagogique

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